La machine à café aurait été vue pour la première fois à la foire de Paris en 1855. Mais il faut savoir que l'on en attribue l'invention à l'Italien Luigi Bezzera, qui vendit dans les années 1900 les premières cafetières à expressos. Par la suite, Francesco Illy ne cessa d'améliorer le procédé et de le perfectionner. Tous avaient l'idée de se servir de la vapeur d'eau projetée sur la mouture fine afin d'en extraire le précieux café.
Achille Gaccia, Milanais d’origine, était un ingénieur bricoleur. S’inspirant de Bezzera et d’Illy, il se lança dans la fabrication d’une machine à percolation sous haute pression et fit breveter son invention. Le 12 décembre 1938, il reçut son brevet d’invention pour la première machine à café expresso.
Il faudra 10 ans avant d’atteindre la réelle commercialisation des machines Gaccia, réservées au secteur de la restauration. Durant plusieurs années, les Italiens seront les seuls leaders en production de machines à café. La reconnaissance du design italien et l’évolution des moeurs constituent dans les années 50 une première intégration, réservée à une élite de la machine à expressos dans la restauration spécialisée.
Constatant le succès, tant en Europe qu’aux États-Unis, de son invention, Gaccia se lance à la fin des années 60 sur le marché domestique en adaptant la machine à pression pour le secteur résidentiel. Les magasins, à l’époque, hésitent, songeant plutôt à alléger les tâches ménagères grâce au lave-vaisselle, au réfrigérateur ou encore à l’aspirateur.
Mais, fin des années 80, on remarque partout un engouement pour le café, et surtout pour le «bon» café, celui dont on parle dans les magazines et que l’on peut déguster à la terrasse d’un café à Milan, mais aussi à Paris, à Barcelone ou à Montréal. Gaccia avait vu juste, mais il se fera talonner par les autres fabricants italiens, espagnols ou encore allemands, qui inondent dans les années 2000 le marché de l’électroménager avec des machines à café à petit prix.
Une évolution normale qui répond aux nouveaux besoins de tout connaître, aussi bien les crus du café que ce qui retourne de façon «équitable» aux producteurs de café du Tiers-Monde. Les grandes sociétés américaines, comme Starbucks, Kosmo ou d’autres joueurs du genre, se sont aussi mises à l’heure expresso. La grande mode des cafés latte, des cafés décorés ou encore du cappuccino oblige même les chaînes dédiées jadis au café filtre à revoir leurs politiques. Même chose chez les Rôtisseries St-Hubert, où on propose déjà depuis quelques années du café préparé à la machine à expressos.
Mode expresso
La prochaine révolution se trouve du côté des consommateurs. En 2008, la machine à expressos est de loin l’appareil électroménager le plus demandé par les jeunes mariés sur leurs listes de mariage. Cela montre une tendance vers le raffinement, précise Carlo Granito, distributeur engagé et propriétaire du célèbre Terra Café, à Montréal, qui offre ce qui se fait de mieux parmi les cafés d’origine. Un raffinement de la population, une connaissance approfondie et, surtout, ajoute Granito, des notions de plaisirs avoués, qui donnent au café et au thé leurs lettres de noblesse.
De Stark à Porsch en passant par le haut de gamme des accessoires de cuisine comme Miele, on vise désormais la nouvelle génération en proposant pour les cuisines l’appareil encastrable et esthétique. Cet appareil étant muni des nouvelles technologies, d’un double réservoir vapeur et d’un système digital, on peut faire du café chez soi comme au resto. Révolu le temps où il fallait attendre que la bouilloire chauffe après la prise de deux cafés. On peut en enfilade préparer dix cafés sans problème.
De la première entreprise Gaccia, on a conservé l’empreinte, mais il s’agit désormais d’une multinationale qui produit pour le monde entier. Et si les Chinois découvraient subitement le café? C’est chose faite, témoigne M. Lee, propriétaire d’un café-terrasse et grand amateur de cafés fins, rencontré à Hong Kong. Depuis l’implantation à Shanghai ou Pékin des chaînes Starbucks et McDonald’s, le café suscite un intérêt croissant, surtout chez les jeunes et une partie des industriels, qui se mettent à la mode «occidentale».
Dans ce pays qui possède les plus grands thés du monde, le café gagne chaque jour en popularité. Rien de plus facile, comme cela se fait déjà, que de fabriquer en Chine des machines à café. De plus, comme pour le reste, on réussit à y produire des machines qui coûtent le quart du prix d’appareils identiques produits en Europe.
Une chose est certaine: depuis l’implantation de machines à expressos, nous buvons de meilleurs cafés et, surtout, la population sait en général apprécier le goût d’un produit que jadis on nommait moka.
Philippe Mollé est conseiller en alimentation. On peut l’entendre tous les matins à l’émission je Joël Le Bigot, Samedi et rien d’autre.
Add comment